“Le bébé de la voisine ne se réveille pas !”
C’est ce que mon conjoint m’a dit quand j’ai répondu au téléphone la semaine dernière. J’entendais la mère hurler d’hystérie derrière sa voix. Au début, je ne comprenais pas. Pour moi, la voisine, c’est à côté – à notre droite. Je les connais bien, mais ils n’ont pas de bébé. Ensuite, j’ai compris.
La voisine d’en face, celle à qui on ne parle quasi jamais avec le beau petit bout de chou de quelques mois. J’avais tellement de questions qui m’ont passées dans la tête en 0.03 secondes :
Pourquoi on m’appelait moi ? Je suis infirmière (même si je ne suis pas actuellement dans le réseau, mais ça c’est pour une autre fois.)
Qu’est-ce qui est arrivé au bébé ? Honnêtement, sur le coup, on s’en fout.
Comment mon conjoint était celui qui était sur place ? On s’en fout aussi.
J’ai réalisé qu’on devait probablement m’appeler parce que lui ne savait pas quoi faire, et qu’il attendait l’ambulance avec la maman.
J’ai pu me ressaisir et demander à mon conjoint : “Est-ce qu’elle respire ?”
“Je pense que oui”
“Bien ? Elle est quelle couleur ?”
“Pas bleue”
“C’est bon ! – Calme la mère.”
“Comment calme la mère ? Je fais quoi pour le bébé ?”
“Rien, calme la mère.”
Je suis certaine que plusieurs d’entre vous vous êtes posé cette question. Vous devez vous demander pourquoi je ne lui ai pas plutôt expliqué quoi vérifier auprès de l’enfant ou comment tenter de la réveiller. C’est simple, parce qu’il ne savait pas quoi faire et en plus et il n’a pas les aptitudes d’évaluation requises pour entreprendre quoi que ce soit et je n’allais certainement pas lui faire une formation de réanimation cardio-respiratoire 101 à la va-vite. L’enfant respirait et elle était bien colorée (pas bleue) donc, elle pouvait attendre les ambulanciers qui allaient arriver d’une minute à l’autre. Même si elle ne se réveillait pas, son corps, son cerveau ainsi que le reste de ses organes recevaient de l’oxygène et c’était bien assez pour moi.
En revanche, j’entendais la mère qui était hystérique (avec raison) en arrière-plan. Cette maman était en train de vivre la pire journée de sa vie j’en suis convaincue et, dans cet état, elle n’était pas en mesure de nous aider à réanimer son bébé. C’était crucial qu’il arrive à la calmer pour qu’à l’arrivée des ambulanciers, elle soit capable de donner toutes les informations nécessaires aux intervenants et d’être une présence réconfortante pour l’enfant. Les ambulanciers devaient être capables de faire leur travail et de se concentrer sur l’enfant plutôt que sur la mère. Bien sûr qu’ils sont en mesure de le faire, mais ce n’est jamais optimal.
Je suis arrivée à la maison en même temps que les ambulanciers. J’ai aperçu la maman, calme, en train de donner les informations à l’ambulancière pendant que les premiers répondants et la deuxième ambulancière s’affairaient autour du bébé.
Il avait réussi !
Tout ce que j’ai eu à faire, c’est de disperser les curieux qui s’étaient attroupés près de la demeure.
Tout cela pour dire que même si vous ne savez pas quoi faire face à une telle situation, il y a toujours quelque chose à faire. Surtout lorsqu’il est question d’un enfant. Si les secours ont été appelés, que l’enfant respire et est bien (ou relativement bien) coloré, prenez le temps de calmer le.s parent.s, la vie de l’enfant en dépend :
– Dites-leurs ce que vous voyez: “Elle est bien colorée, elle respire, je vois du mouvement etc.”
– Rassurez-les que vous allez demeurer sur place jusqu’à l’arrivée des secours. Si vous n’êtes absolument pas en mesure de rester car il y a un risque de sécurité pour vous ou vos enfants (ex: ils sont dans la piscine, seuls à la maison etc.) ou tout autre raison majeure, tentez de trouver quelqu’un d’autre qui pourra rester. Sinon, téléphonez au secours et dites à l’adulte de rester au téléphone avec ceux-ci.
- Dites-leurs combien de temps s’est écoulé et combien de temps vous estimez qu’il reste jusqu’à l’arrivée des secours. Ex : Nous avons appelés il y a 4 minutes, je suis certain qu’ils arriveront d’ici 1 à 5 minutes.
- Encouragez-les à se remémorer les détails importants qui lui seront demandés ou simplement de vous dire ce qui s’est passé. De cette façon, le parent aura eu une chance de mettre de l’ordre dans ses idées.
- Si le parent ne se calme pas et que son état de panique et/ou d’agitation semble empirer, proposez-leur de tenir l’enfant (si c’est un bébé) ou de s’éloigner légèrement de l’enfant. Rassurez-les solidement que vous demeurez auprès de l’enfant.
- Dispersez les curieux.
N’hésitez-pas à recruter de l’aide s’il y a d’autres membres de la famille ou de la fratrie sur place. L’important, c’est d’être là et de faire de votre mieux, tout simplement.